On l’appelle le majestueux, ses arches d’entrée en pierres naturelles qui se prolongent latéralement par des murs décorés de bas-relief en céramique et qui illustrent des disciplines sportives, vous donnent tout de suite l’impression de rentrer dans une arène de gladiateurs. Le stade Tata Raphaël (tata signifie Père en lingala), du nom du Père Raphaël de la Kéthule de Ryhove qui en est le principal commanditaire, est un haut lieu de la mémoire nationale, il est célèbre au niveau mondial pour avoir accueilli le match du siècle qui opposait Mohammed Ali à George Foreman en 1974.
Contexte de construction
Avant 1948, Kinshasa alors Léopoldville ne comptait qu’un seul stade : le Reine Astrid (devenu le stade cardinal Malula par la suite) qui se situe au croisement des avenues Kasa-Vubu et Kabambaré qu’on jugeait de plus en plus petit étant donnée la population Kinoise grandissante. L’érection d’un nouveau stade devenait un besoin de plus en plus pressant pour la ville, qui opta donc pour le site qui fait face au quartier Matonge dans la commune de Kalamu, commune qui est alors le centre géographique de la ville dans son ancienne configuration. Le 1er Juillet 1952 donc, soit 4 ans après la pose de la première pierre du stade, est inauguré un immense complexe omnisport dont la capacité est alors estimée à 75 000 spectateurs et 9 000 dans les tribunes. René Reygaert et Marcel Van Hentenrysck sont les deux concepteurs principaux du stade et la façade principale du bâtiment se pare des plus belles fresques peintes et mosaïques à thème sportifs que quelques artistes congolais renommés de l’époque comme Mokengo s’empressent de signer.
Haut lieu historique du Congo
Le stade Tata Raphaël occupe une place historique importante dans la vie du Congo naissant des années 60, puisque c’est l’unique lieu des rencontres nationales et internationales ; il est alors au Congo de cette époque-là ce que le stade des martyrs est au Congo d’aujourd’hui : le cœur de la vie nationale. C’est du stade Tata Raphaël que sont partis les fameuses émeutes du 4 Janvier 1959 qui précipiteront l’indépendance du Congo.
Etat actuel du stade
Inauguré sous le nom de « stade Roi-Baudouin », le stade sera renommé Stade du 20 Mai en 1967 sous le mouvement de recours à l’authenticité du Marechal Mobutu avant de prendre le nom de Tata Raphaël depuis une vingtaine d’années. Sous l’initiative des anciens élèves des écoles des Scheut et pour lui rendre hommage pour ses loyaux services à la nation congolaise et son implication dans la fondation de l’Union Sportive de Léopoldville, un buste du Père Raphaël de la Kéthule fut érigé dans la cours intérieure du stade depuis 1996. Avec la construction du stade des martyrs de la pentecôte, le stade Tata Raphaël, s’est vu relégué à la deuxième place au niveau national, cependant sa situation géographique (non loin des terrasses du célèbre Matonge) lui permet de garder sa place dans les festivités et les rencontres sportives et religieuses. Tombant littéralement en ruine à la fin des années 2000, le stade a subi des travaux de réhabilitation qui ont permis sa réouverture.